
Vanna sur un banc de Philippe Cramer.
Photo fournie par Vanna Karamaounas.
C’était à Palexpo dans le cadre d’Artgenève, début mars. Mis en scène pour la dixième fois, ce spectacle est resté comme d’habitude dans des blancs purs, avec une touche de gris, de beige ou de vert olive peu appétissant ici et là. Le contemporain, comme la cuisine ou l’hôpital, continue de parier sur l’absence de couleurs sur les murs, bien que l’on puisse dire que le blanc l’est normalement aussi. Et là, au milieu d’un couloir, une cabine rouge est soudainement apparue. Mais alors rouge vif. Un éblouissant. Mettez vos lunettes de soleil ! C’était celle du trimestriel “Art à Genève”, qui fêtait ses 30 ans en 2021. Comme chacun le sait, Artgenève n’a pas pu avoir lieu l’an dernier…
laisser une trace
Sur le stand en question se trouvait une pile de livres. Une couverture vermillon, bien sûr. Pour ses trente ans de travail au service des institutions et des galeries du canton de Genève, Vanna Karamaounas s’est offert une belle publication, « pour laisser une trace ». Depuis 1991, en effet, il y a eu 184 numéros du journal éphémère. A jeter après consommation. Les visiteurs retrouveront l’image en guise de rappel au verso des doubles couvertures mobiles. “J’ai trouvé un exemplaire de toutes les éditions sauf une.” Vérifier. C’est le numéro 6. Épuisé !

La Galerie Ribordy rue de Monthoux. Elle a maintenant disparu.
DR.
Comment est née cette brochure ? Sur un coup de tête. « J’ai grandi dans le monde de l’art. Mes parents avaient fondé la galerie Kara. Un jour, en me réveillant, j’ai réalisé qu’il ne resterait rien de tangible de son travail, comme celui de ses frères. Genève n’avait pas, comme les grandes villes, d’agenda culturel où tout était imprimé. « C’était un vrai manque, d’autant plus qu’il y avait tellement plus de galeries à l’époque qu’aujourd’hui. La crise de 2008, puis la pandémie ont roulé leur numéro. Et je vous ai déjà expliqué à plusieurs reprises pourquoi il est désormais devenu quasiment impossible d’en ouvrir de nouvelles en Suisse, vu la réticence (appelons-les ainsi) des banques.

La galerie Tonon, près du Grand Théâtre. Josy Tonon poursuit son activité après le décès de son père Paolo.
DR.
Soutenue par quelques mécènes et surtout par la généreuse publicité de l’époque, la publication (“rouge comme la passion”) prend son envol. « Mais je me disais il y a quelques années qu’un journal assez sec ne suffisait plus aujourd’hui. Mes parents avaient très vite développé un site pour leur galerie. Il était temps de commencer. J’ai donc complété les informations imprimées avec des regards et des interviews. Une idée de plus en plus suivie par le public. “Maintenant, j’ai 28 000 visiteurs par mois, soit environ 900 par jour. Les abonnés à la « newsletter » sont passés à 9 000 ». Les artistes se sont prêtés au jeu, c’est le cas d’internationaux comme Christo ou Christian Boltanski, qui ont donné des interviews peu avant sa mort. Celle des Suisses aussi de toutes générations, de Valérie Favre à Sylvain Croci-Torti. “Ça m’a aussi permis de me remettre à l’écriture, qui reste un de mes plaisirs.” Sinon, “Art in Geneva” signifierait beaucoup d’administration pour Vanna…

Opera Gallery à Longemalle, qui a également repris le stand Gagosian d’en face,
DR.
Internet a aussi permis à Vanna Karamaounas de sortir un peu de son cadre. “Aujourd’hui, il est impossible de ne pas tenir compte du fait que les gens se déplacent s’ils le peuvent.” Paris est, en heures et pas plus de kilomètres, à peine plus loin que Zurich. “Je dois réfléchir à ce qui se passe là-bas.” Le lecteur de cet ouvrage trouvera ainsi des textes suggérant cette possible ventilation. Des conversations avec des créateurs, surtout. Mais il dialogue aussi avec des « personnalités du monde de l’art ». guérisseurs. galeristes collectionneurs. Vanna est l’auteur de la plupart d’entre eux. Mais pas tout. Laisse parfois le stylo (électronique) à d’autres personnes.

Galerie Pace, 25-17, Quai des Bergues 15-17
Annick Wetter.
Le livre se termine par des pages qui continueront d’être très utiles à l’avenir. Il s’agit de “Galeries de A à Z, Une trace historique”, avec quelque deux cents entrées (1). « Il n’y avait rien à ce sujet. J’ai puisé dans ma publication qui, loin de se limiter au contemporain, envisageait toutes les formes, de l’archéologie à l’art brut. Vanna avait encore besoin de faire des recherches supplémentaires. « Certains endroits m’ont peut-être échappé. Ou alors je n’ai pas trouvé le moment où ils ont cessé leur activité. Personne n’aime annoncer la fin d’une opération. Tout se termine vaguement… “Soudain, je me suis senti obligé de laisser tomber quelques points d’interrogation.” Qu’en est-il de la Galerie Verdaine, de Terre-Neuve ou de la version genevoise de Rivolta, qui nous est venue cette fois-ci non pas de Paris mais de Lausanne ?

Boutique de Charly Bailly rue de l’Hôtel-de-Ville. L’homme en a ouvert un second à Longemalle.
Annick Wetter.
Il fallait, il faut aussi déterminer ce qu’est une galerie. Pour Vanna Karamaounas, accrocher quelques tableaux dans un restaurant ne suffit pas, même si Pierre Huber a commencé sa brillante carrière par là. « Pour moi, il doit y avoir une activité commerciale permanente. Le lieu ne devrait pas se contenter de louer ses murs à des artistes. Une activité d’exposition régulière est essentielle. Mais là, mon interlocuteur doit être plus indulgent aujourd’hui qu’hier. « Mes parents ont changé leur suspension après seulement trois semaines. De nos jours, on estime qu’une galerie qui prolonge ses présentations jusqu’à n’en avoir que deux ou trois par an suffit. Un signe de ralentissement… Assurément…
(1) La plus longue activité continue aujourd’hui est celle de Sonia Zannettacci. Quarante-deux ans au 4 rue Henri-Fazy !
Entraine toi
“C’est un objet d’art, Art à Genève, 30 ans, 1991-2021”, 204 pages.
Né en 1948, Étienne Dumont Il a fait des études à Genève qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, correct. Avocat raté, il se lance dans le journalisme. Le plus souvent dans les sections culturelles, il travaille de mars 1974 à mai 2013 à la Tribune de Genève, commençant à parler de cinéma. Puis vinrent les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler.
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– “L’Art à Genève” publie un livre à l’occasion de ses 30 ans
Vanna Karamaounas publie son journal depuis 1991. Elle l’a complété d’un site qui propose des interviews filmées. Votre emploi actuel servira de référence.